Apprendre à gérer sa bankroll au poker

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Si l’immense majorité des joueurs de poker est aujourd’hui perdante, ce n’est pas forcément pour les raisons que vous imaginez. Il y a bien sûr le manque de connaissances techniques de la part de certains joueurs mais surtout, et cela vous surprendra peut-être, un manque de préparation mentale aux aléas des cartes. Dans cet article, je vous explique comment apprendre à gérer sa mise de départ pour ne jamais vous mettre en situation de tilt. Cette situation vous conduirait en effet à être perdant sur le long terme, quand bien même votre niveau serait excellent (c’est d’ailleurs encore plus vrai pour ce type de joueurs). Que vous soyez tout nouveau dans le poker, ou un joueur déjà aguerri, petite piqûre de rappel sur la gestion de bankroll au poker.

bankroll au poker

Gérer sa bankroll au poker lorsqu’on débute

Règle n°0 : Bankroll de départ

Commençons par les bases, considérez la mise de départ comme étant perdue. Qu’il s’agisse d’un casino en ligne ou physique, la somme que vous déposez au départ ne doit pas avoir d’importance pour vous. Si vous ne pouvez pas vous permettre de perdre ce petit capital, ne commencez même pas à jouer. Cette règle doit être appliquée strictement, car tout argent investi de la mauvaise façon vous conduira quasiment à chaque fois à tout perdre. Soit parce-que vous aurez tilté, soit parce-que vos adversaires auront eu raison de vous.

Règle n°1 : quel capital de départ investir ?

Le hasard peut-être particulièrement cruel au poker. Je vous conseille d’avoir une réserve d’une centaine de sessions de jeu dès le départ. Par exemple, si vous jouez habituellement au cash game et que le buy-in de la table est de 10€, la prudence serait d’avoir une bankroll au moins égale à 1 000€.

Pourquoi ? Prenons le cas d’un joueur (appelons Alex) qui possède un capital de départ de 100€ et joue à des tables où le buy-in est de 10€. Imaginez que la malchance soit avec lui et qu’il perde ses 10€ sur une combinaison totalement injuste. Typiquement le joueur débutant en face qui fait n’importe quoi et gagne tous ses jeux. Alex décide de recaver car il sait que son adversaire est un débutant. Il va se « refaire ». Malheureusement la malchance est à nouveau contre lui et il perd à nouveau ses 10€. Il décide alors de recaver une nouvelle fois, sûr de lui. Pas de chance, le sort s’acharne et en l’espace de 30min, le voilà avec une bankroll descendue à 50€, et son adversaire qui a quitté la table, fier de sa performance. Alex perd alors ses nerfs et décide d’aller jouer sur une plus grosse table pour se refaire. Avec en face des joueurs aguerris, et non sous l’influence des pertes.

Vous connaissez la suite, au bout d’une heure Alex décide de ne pas retoucher au poker avant un moment. Comme bon nombre de personnes. Cas extrême pensez-vous ? Absolument pas, c’est ce qui arrive à des centaines de joueurs chaque jour. Et pourtant, ils auraient pu éviter la catastrophe avec un peu de discipline.

Bonnes pratiques

Quelle conclusion en tirer ? Alex peut se trouver des excuses : poisse, tirages improbables, pourtant la cause racine est claire, sa gestion de bankroll au poker était calamiteuse dès le départ. Il est le seul responsable de ses pertes. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe une bonne pratique toute simple à mettre en place :

1/ Avec une bankroll de x€, ne jouer que des sessions où la mise est inférieure ou égale à x/100.

Exemple : avec 500€ de bankroll, table de cash game ou tournoi avec buy-in de 500/100 = 5€ maximum.

ATTENTION : cette discipline fonctionne pour la plupart des joueurs, mais il convient de noter ces exceptions :

  • Tout le monde n’est pas égal face aux pertes. Si cela a une influence émotionnelle particulière pour vous, vous devriez envisager de descendre le buy-in à x/200, voire au-delà !
  • Vous êtes débutant au poker ? Il serait plus raisonnable de jouer à des limites de x/1000, ou de jouer en argent fictif, le temps de vous faire la main.
  • Si vous pratiquez un jeu dit « agressif », la variance sera d’autant plus forte. Prévoyez là-encore une bankroll plus élevée ou des limites de jeu plus basses.
  • Vous préférez jouer en tournoi, ou au Poker Omaha ? Prévoyez au moins 500 caves d’avance. En effet la variance intrinsèque au jeu ne vous fera pas de cadeau.

Tout est OK, vous avez défini une bankroll sérieuse ? Passons à la suite.

Règle n°2 : quelle variante jouer au départ ?

Sachez que si vous êtes arrivés jusqu’à cette seconde règle, vous avez déjà fait le plus dur. Quoi, c’est tout !? Oui, presque ! Mais si cela parait facile sur le papier, vous verrez que dans la pratique ce n’est pas toujours évident. S’il vous arrive de perdre votre bankroll, relisez alors cet article à tête reposée et demandez-vous pourquoi cela n’a pas fonctionné. Et ne refaites plus les mêmes erreurs !

Seconde règle de la gestion de bankroll au poker : choisir une variante adaptée. Si vous êtes dans cette section c’est que vous êtes normalement relativement débutant au poker. Je vous conseille de bannir purement et simplement les tournois au départ. Même s’ils peuvent être alléchants, ils présentent une variance réellement violente. Le pire qui pourrait vous arriver serait de vous faire sortir sur une horreur à quelques positions des places payées. La situation classique pour partir en tilt et cramer bêtement le reste de sa bankroll à 3h du matin. Si vous y tenez vraiment, privilégiez les tournois avec des tours de blindes suffisamment longs pour ne pas voir vos jetons s’épuiser avant d’avoir pu vous exprimer sur le terrain du jeu.

Cash-game et Sit-n-go pour commencer

Le cash-game et le sit-n-go sont de bonnes opportunités pour une première expérience. Choisissez des tables à petits buy-in même si votre bankroll théorique vous permet de jouer plus gros et apprenez à gérer vos émotions et la variance. Paradoxalement, vous découvrirez que la difficulté sera plus élevée sur les petites tables qu’aux moyennes. Pourquoi vous envoyer sur ces tables alors ?

  • Il se peut que les pertes aient des conséquences émotionnelles inattendues chez vous. Il vaut mieux que ces conséquences aient lieu maintenant sur des petits montants plutôt que sur des « grosses » tables.
  • Vous allez rencontrer des joueurs totalement débutants, pour ne pas dire nul, et ils vont pourtant potentiellement vous prendre de l’argent. Cela va mettre vos nerfs à rude épreuve, et cela créera une très bonne expérience de maîtrise qui vous servira lorsque vous monterez vos limites.
  • Vous allez aussi rencontrer à l’inverse d’excellents joueurs, qui comme vous se font la main sur les tables à faible enjeu. C’est une très bonne manière de progresser, et d’apprendre à distinguer les débutants des requins. Lorsque vous monterez vos limites, vous serez alors surpris de constater que le niveau n’augmente pas tant que ça (les paniers percés seront toujours là par contre et c’est tant mieux pour vous).

Après quelques dizaines d’heures de jeu, vous serez prêts à passer à l’action : jouer sur les tables dont le buy-in est celui que vous avez défini en règle n°1. A ce stade, vous serez prêts à encaisser les injustices, les combinaisons improbables et les débutants en veine.

Règle n°3 : fixez-vous des limites de jeu !

Troisième et dernière règle pour les joueurs débutants : se fixer des limites (et s’y tenir !). En effet, la tentation peut être forte d’en faire « une dernière » pour se refaire après une session perdante. C’est là que la notion de limite prend tout son sens. Fixez-vous un nombre de buy-in maximum par session et respectez cette règle, quoi qu’il arrive. Par exemple, autorisez-vous 2h de jeu avec la possibilité de caver / recaver au maximum 5 fois. Ainsi, si vous perdez vos 5 caves, votre bankroll n’en sera affectée « que » de 5% (si vous appliquez la règle de x/100).

De la même façon, si vous êtes largement gagnant, cela vous empêchera d’aller tout perdre sur une table à enjeux plus élevés (le classique du « allez je la tente de toute façon c’est que du bonus »). Et à votre prochaine session vos résultats de la veille n’auront qu’une influence limitée sur votre jeu.

Cette règle est avant tout du bon sens mais n’est pas toujours évidente à suivre. N’hésitez pas à vous faire aider par un proche. Votre conjoint(e) (par exemple) sera reconnaissant de savoir qu’il peut avoir confiance en vous pour ne pas brûler toutes vos économies.

limites de jeu

Gérer sa bankroll au poker lorsqu’on progresse

Quand passer à la limite supérieure ?

Référez-vous à la règle n°1, si votre bankroll de « confort » est de 100 buy-in, cela devrait rester vrai pour la limite supérieure. Si vous étiez joueur de cash game pour des buy-in de 5€ par exemple, avec une bankroll initiale de 500€, vous ne devriez même pas songer à passer sur des buy-in de 10€ avec une bankroll inférieure à 1000€. Il est même conseillé de prendre un peu de marge. En effet, la limite supérieure va modifier votre façon de jouer (adversaires peut-être plus coriaces ou plus agressifs, etc). Le temps d’ajuster votre jeu doit donc être pris en compte pour ne pas devoir repasser à la limite inférieure dès la première session de jeu.

Quoi qu’il arrive toutes les règles vues plus haut restent vraies.

Quand retirer son argent ?

On me soumet régulièrement cette question, et pourtant elle ne se posera pas avant plusieurs mois de jeu (au mieux). Et encore, cela concernera une part infime des joueurs. Mais si vous pensez être de ceux-là un jour, je préconise la méthode suivante :

  • Votre limite de « confort » est atteinte, envisagez un retrait. Sinon, ne faites rien jusqu’à atteindre et stabiliser la limite qui génère le plus de revenus pour vous. Ainsi si vous avez fait des gains importants sur une limite où vous n’êtes pas encore à l’aise (en clair vous avez eu un peu de chance), ne faites rien.
  • Ne faites pas de retrait si vous n’avez pas joué au moins 100 sessions depuis le dernier retrait. La variance pourrait avoir joué en votre faveur et vous inciter à faire un retrait d’une somme que vous avez gagné par chance. Si vous estimez avoir fait suffisamment de sessions pour pouvoir affirmer que vous « battez la variance », envisagez un retrait.
  • Une fois par mois (le 1er de chaque mois par exemple, un peu comme pour une fiche de salaire) : calculez le retrait possible. Ce retrait correspond à la différence entre votre bankroll au poker actuelle et la bankroll minimale définie pour jouer vos limites habituelles. Retrait = bankroll actuelle – (limite jouée * x). x étant le coefficient déterminé en règle n°1. Exemple Retrait = 620€ de bankroll actuelle – (buy-in habituel de 5€ * 100) = 120€. Notez que cette situation va engendrer un retour à la bankroll minimale pour jouer à vos limites. Il serait donc peut-être judicieux de prévoir un peu plus large, en faisant par exemple un retrait de la moitié de cette somme.

Vous avez maintenant tous les outils pour cartonner, faites-en bon usage !

Vous avez d’autres « tips » à partager ? Faites-le moi savoir en commentaire !

Bonjour à tous, je suis l'un des auteurs du blog Planète Casinos. Ma spécialité est le poker, que je pratique depuis maintenant depuis un peu plus de 5 ans. J'apprécie les parties réelles pour son côté fun mais je pratique le poker principalement en ligne, afin de jouer plusieurs tables en même temps (entre 4 et 8 suivant la difficulté). Je joue généralement en tournois où les émotions sont pour moi les plus intenses. Rémy

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